Voilà, nous sommes rentrés, le voyage est fini, et avec lui se termine l’histoire d’ED, enfin pour l’instant, car le syndrome du voyage n’est pas prêt de nous quitter. Un mois déjà s’est écoulé et nous n’écrivons que maintenant les dernières lignes… Pas facile de trouver les mots pour le chapitre final. Ou peut-être est-ce une envie viscérale de continuer encore un peu l’histoire et de reporter l’échéance ? Mais comme nous l’avons souvent évoqué, toutes les bonnes choses ont une fin, malheureusement, ou heureusement, car s’il n’y avait pas de fin peut-être n’y aurait-il pas de bonnes choses.
Alors comme beaucoup nous l’ont déjà demandé, vous devez vous poser la question : « qu’est-ce que ça fait de rentrer ? ». La première réponse qui sort instinctivement, c’est : « ça fait du bien ». Oui, c’est du pur bonheur de retrouver tous les gens qu’on aime et qui nous ont beaucoup manqués. L’éloignement, la distance et le temps qui passe exacerbent les sentiments, et oui, nous vous avons aimés de toutes nos forces. C’est peut-être pour ça que nous avons essayé de garder le contact au maximum, alors un grand merci à tous ceux qui nous ont soutenus, lus et encouragés !
Malgré ces 17 mois loin de chez soi, on reprend ses marques et ses habitudes en peu de temps, et d’un coup on se demande si on n’a pas rêvé. Lorsqu’on revoit des photos, on se dit : c’est nous là ? Et ce n’est pas toujours évident de partager notre expérience, de raconter, de transmettre ce qu’on a ressenti, de décrire des paysages ou des scènes de vie qui nous ont beaucoup touchés. Ici, il nous semble que rien n’a changé. La vie s’est-elle arrêtée durant notre voyage et a repris son court lorsque nous sommes rentrés ? Sommes-nous réellement partis ? Drôles de sensations, tout ceci est assez troublant. Il faut parfois se pincer très fort pour conclure que non, nous n’avons pas rêvé notre vie mais bien vécu un rêve. Heureusement, nous sommes deux et nous ressentons les mêmes choses. Cette complémentarité nous permet de donner une existence à ce voyage, une mémoire commune, de pouvoir échanger sans fin sur ce voyage, avec quelqu’un qui a vécu les mêmes aventures, c’est très réconfortant. Et donc oui, nous avons bien :
- Voyagé 527 jours ;
- Visité 13 pays ;
- Marché 92 jours en trekking, et encore bien plus en fait puisque nous étions tout le temps à pied ;
- Effectué :
- 74 heures d’avion ;
- 515 heures de bus ;
- 149 heures de train ;
- 34 heures de bateau ;
- 10 700 kms de voiture.
Quels enseignements avons-nous tiré de ce voyage ? Tout d’abord, nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur notre couple, sur les autres, sur le monde en général. On entend souvent que les voyages ouvrent l’esprit, il est vrai qu’il y a une ouverture aux autres, une découverte des cultures, des modes de vie, une plus grande tolérance. On se rend d’ailleurs compte que, malgré toutes nos différences, il existe une certaine perception de la vie commune tenant dans le fait que nous appartenons tous à l’espèce humaine : nous ressentons les joies, les peines et nous aspirons tous au bonheur. Par toutes ces découvertes, nous enrichissons notre mode de pensée et nous aboutissons à une meilleure connaissance de soi, le fameux : connais-toi toi-même.
D’un autre côté, on se radicalise. Car il y a des découvertes et des constats insupportables qui nous poussent dans nos retranchements, et là, il n’y a plus aucune tolérance, argument, demie mesure ou explication, il y a juste la tristesse, la colère, l’impuissance et même parfois la haine.
Au retour, beaucoup de questions existentielles se posent. Avant le départ, notre objectif était le voyage. Et maintenant ? En voilà une bonne question. Que voulons-nous faire ? Qu’attendons-nous de la vie ? Au final, des questions que tout le monde se pose un jour. Nous, nous en sommes là… Pas facile ! Comment retrouver notre rythme d’avant, notre confort, alors que nous avons traversé tant de misère ? Quel est le remède ? Fermer les yeux, oublier et laisser ces populations à leur sort funeste ? De toute façon, ces pays sont loin et les gens meurent dans l’indifférence générale, personne n’en parle… Espérons au moins que nous avons réussi à en parler un peu sur notre blog, que nous avons fait ce que nous pouvions avec nos petits moyens, chaque jour de notre voyage, et que nos lecteurs se soient eux aussi rendus compte des injustices qui existent dans notre monde. Trop de questions, pas de réponse. Parfois, nous sommes pris de vertiges !
Il faut, tous les jours, garder à l’esprit que nous sommes des privilégiés, oui, nous avons beaucoup de chance ! Nous avons aussi appris à sourire, à trouver le bonheur en nous et autour de nous. Certaines rencontres, certains regards, mais surtout des sourires qui, malgré la pauvreté ou la détresse, étaient si rayonnants, resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Nous sommes les constructeurs de notre bonheur. C’est peut-être ça la plus grande leçon. Revenir aux bases, essayer de sortir de cette société de consommation et d’images où le paraître fait la loi. Se satisfaire du nécessaire peut être une des clefs du bonheur. Plus facile à dire qu’à faire…
“Que cherchons-nous ? Le bonheur n’est pas une quête, une course d’horizons, un voyage. Les Américains l’ont inscrite dans leur constitution comme un indescriptible droit, mais parlent de « Pursuit of Happiness » comme s’il s’agissait d’un rare gibier, d’un dollar à corne. Non ! Le bonheur est en nous, c’est un regard ressourcé sur les choses simples. Si les voyages ont un but, c’est de redécouvrir cette clef de la sédentarité. Cette capacité d’exciter sa « glande à bonheur ». L’enthousiasme”. Alexandre Poussin & Sylvain Tesson, La marche dans le ciel.
Nous entamons le début du reste de notre vie, une nouvelle aventure, un nouveau pari. Tout ne sera pas rose, mais c’est avec enthousiasme et positivisme que nous commençons le chemin. Et même s’il y a des coups de blues, il y aura toujours nos souvenirs pour nous redonner le sourire :
“Un voyage où il ne se passe rien mais ce rien me comblera toute ma vie”. Ella Maillart, Oasis interdites.
Famille, amis, ex-collègues, voyageurs, inconnus, c’était la dernière séance. Un grand merci à vous tous, ce fut un plaisir de partager notre aventure en si bonne compagnie. Bonne continuation à vous tous, et pour ceux que nous n’avons pas encore revu : à très bientôt ! Le chemin continue et la route est si belle…
That’s all folks !
Au revoir, Goodbye, Adios, Namaste (Népal & Inde du nord), Sawatdii kha(p) (Thaïlande), Thwa mé (Myanmar), Lia sunhhao-y (Cambodge) !
ED.
Pour les nostalgiques qui voudraient se refaire une petite projection privée, demandez nous, nous venons à domicile, ou alors cliquez ici.