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La magie des Rockies

A bord du Skeena limited

La construction du chemin de fer du Canadien Pacifique est un des chapitres les plus importants dans l’histoire de l’ouest canadien. Cette voie ferrée était considérée comme une étape clé dans l’unification du pays. Pour achever sa construction il a fallu réunir d’énormes capitaux, car la ligne traversait des régions montagnardes très rocailleuses. Ce sont les travailleurs immigrés chinois qui ont construit la plus grande partie de l’ouest de la voie dans des conditions de travail effroyables, des milliers moururent. Elle fut achevée en 1885.

A bord du Skeena

Aujourd’hui, la société VIA Rail gère les trains de passagers sur un réseau de 14 000 km. Dans certaines zones isolées du pays, le train est le seul moyen d’accès. La voie ferrée ininterrompue qui relie Toronto à Vancouver (3 jours) est la plus longue du Canada.

Nous n’avions pas réservé nos billets pour le train au départ de New Hazelton, mais en montant à bord du Skeena, nous constatons que celui-ci est presque vide, les canadiens préférant voyager avec leurs gros 4×4. C’est dommage, le train c’est tellement agréable, il y a de la place, on peut se lever et se déplacer, profiter du panorama, et il faut dire qu’ici nous traversons des paysages magnifiques.

A bord du Skeena

Nous faisons la connaissance du contrôleur, Moun, marocain ayant longtemps vécu à Paris, expatrié à Vancouver mais toujours amoureux de la France. C’est un personnage haut en couleurs, avec beaucoup d’humour et le cœur sur la main. Il a été aux petits soins avec nous et nous a gâté durant tout le voyage, ce fut un trajet mémorable à bord d’un train pas comme les autres. Nous avons croisé beaucoup d’autres trains du Canadien National transportant charbon, grain, bois, etc. Leurs chargements peuvent peser jusqu’à 14 000 tonnes, impossible de compter les wagons tellement ils sont nombreux !!!

A la découverte des Parcs Nationaux

Jasper

2 jours plus tard et une nuit passée à Prince George, nous arrivons à Jasper, village basé au milieu du parc national du même nom, ouvert en 1907. Le Canada compte 36 parcs nationaux, plusieurs sites classés au patrimoine mondial de l’humanité, des réserves de biosphère et un parc international de la paix. Voisin de Jasper, le parc national de Banff fut le troisième parc créé au monde en 1885. Ces deux parcs sont les plus fréquentés du pays. En effet, il y a du monde !!! Ce n’est pas vraiment ce que nous attendions d’un parc national à vrai dire… A la descente du train, nous décidons de louer une voiture pour nous déplacer dans les Rockies, le système de bus n’étant pas très performant. Mais là, surprise, les locations sont hors de prix ! Tant pis, nous verrons demain. Direction le centre d’informations afin de trouver un logement. Malheureusement, à 5 min près, nous trouvons portes closes… Le découragement nous envahi peu à peu… Il est 18h passé, nous n’avons pas de voiture, l’auberge de jeunesse et à 7 km, il commence à faire froid, la nuit pointe son nez et nos sacs sont lourds, sniff ! Mais encore une fois, la chance nous sourit ! Un couple de belges nous propose de nous emmener à l’auberge, merci merci merci !!!

Jasper

Décidément, ce soir, ce n’est pas notre soir, l’auberge est complète. Nos sauveurs du moment, nos belges, sont au camping, et apparemment là-bas il y a toute la place qu’on veut : « Si vous voulez on peut vous y déposer ? ». On a dit banco ! On vend la caravane ! Et voilà, nous nous retrouvons au camping. Il n’y a personne sur les emplacements piétons, la nuit tombe, et au loin (enfin pas si loin que ça) nous entendons des cris plaintifs assez effrayants… C’est la saison du rut des orignaux et ce sont les femelles que nous entendons. Il faut faire attention car les mâles peuvent être très agressifs. Apparemment il y a tout un troupeau qui « squat » le camping, ça promet… C’est un soir un peu tristounet, mais en mangeant nos muffins offerts par Moun, nous nous réchauffons le cœur. Demain est un autre jour…

Jasper

Au réveil, il pleut des cordes, super. Et en plus de ça, cette nuit fut froide mais les prochaines s’annoncent encore pires (-6°C avec de la neige !). Et là, deux constations s’imposent. Les matelas de yoga ne sont vraiment pas faits pour le camping et il nous faut une voiture pour étaler nos affaires. Mais avant toutes choses, nous avons besoin d’un bon petit déjeuner bien au chaud.

Jasper

La ville est à trois kilomètres, nous sommes fatigués ! A la sortie du camping, nous commençons le stop, et 2 minutes plus tard nous sommes en centre ville, attablés en face d’un copieux breakfast, le moral revient ! A la fin de la journée, nous avons réussi à trouver une voiture qui rentre dans notre budget, des matelas de camping et la ville est apprivoisée, nous sommes chez nous ! Comme demain nous aurons une voiture, nous changeons d’emplacement et rencontrons Nicole, une québécoise qui voyage depuis 3 mois. Voilà encore un personnage unique en son genre et d’une grande générosité. Nous avons le droit à notre meilleur petit déj’ de camping autour d’un feu, très agréable car ce matin là, la neige tombe à gros flocons. Nicole nous donne des pommes, du petit bois et a même emmené Damien chercher notre voiture de location. Sa devise : « J’ai beaucoup voyagé dans ma jeunesse et on m’a beaucoup aidé, maintenant c’est à mon tour de donner aux autres. Plus tard, vous vous souviendrez de tout ça, et à votre tour vous aiderez les autres… », « J’ai appris cela sur les chemins de Compostelle, il faut apprendre à demander, à recevoir et à donner… » Encore une rencontre extraordinaire ! Merci Nicole !

Jasper

A Jasper, nous avons fait beaucoup de randonnée, dont une magnifique au dessus du lac Maligne, aux Bald Hills. Nous avons eu la chance d’avoir un soleil radieux, nous étions seuls, et ça, ça fait du bien !

Lac Maligne

Les parcs nationaux, c’est génial, car on peut facilement apercevoir des animaux. Ici, ils sont chez eux et les visiteurs circulent sous leur regard alerte. Sur le papier, c’est une symbiose totale, malheureusement la réalité est différente. Les touristes oublient trop facilement qu’il s’agit d’animaux sauvages et qu’ils ne sont pas dans un zoo. Malgré les panneaux, les prospectus rappelant qu’il ne faut pas les approcher, la vue d’un animal provoque des comportements stupides, notamment les conducteurs pilant et s’arrêtant en plein milieu de la route. Il est vrai que, pour nous, il n’est pas commun de voir ours, orignaux, élans et loups en liberté, du coup, nous avons envie de nous arrêter, de les observer et de les prendre en photo. Mais pour rester sauvages, les animaux doivent avoir peur des humains et des voitures. Or, s’ils s’habituent aux voitures roulant lentement ou aux attroupements de touristes, ils osent ensuite s’aventurer dans les villes, créant d’énormes problèmes. La plupart des ours des parcs finissent abattus par les rangers, car, n’ayant plus peur des hommes, ils deviennent trop agressifs. Alors nous avons essayé de nous tenir à ces règles, même si ce n’est pas toujours facile, mais c’est ainsi que l’on participe à la pérennité des espèces. Sans trop nous arrêter, nous avons quand même assisté à de belles scènes furtives. Nous n’avons pas beaucoup de clichés, mais là n’est pas l’essentiel, n’est-ce pas ?

Lac Medicine

Certains touristes nous ont vraiment énervés, nous avons même failli nous emporter plus qu’il ne l’aurait fallu, et c’est pourquoi nous avons cherché à sortir des sentiers battus !

Pour toutes les photos de Jasper et des alentours, cliquez ici.

Après Jasper, nous avons pris la direction du lac Louise par la magnifique « Icefields Parkway », une route qui offre, à chaque virage, un panorama époustouflant sur des lacs et les glaciers. Nous n’avons pas eu un super temps mais nous avons tout de même pu apprécier la magie des paysages.

Icefield Parkway

Nous nous sommes arrêtés pour pique-niquer en face du glacier Athabasca, véritable torrent de glace qui descend de l’immense Colombia Icefiel, une calotte de glace comprenant 30 glaciers, couvrant 325 km2 et dont la profondeur atteint 365m ! Ses eaux de fonte alimentent trois océans : Pacifique, Atlantique et Arctique. Et là, nous sommes choqués. L’une des principales attractions est de se rendre sur le glacier à bord d’un bus monté sur roues de poids lourds. C’est l’autoroute, toute la journée, les allers-retours n’en finissent pas. Le centre d’information touristique en face du glacier ressemble à un mix entre station de métro saturée et terminal d’aéroport avec portes d’embarquement pour les bus, un cauchemar !! Nous trouvons un panneau explicatif sur le recul du glacier mettant en cause le réchauffement climatique mais rien sur la surexploitation du glacier, n’est-ce pas un peu la faute des bus ?!

Icefield Parkway

C’est bien là que réside la contradiction du Canada. Bien que ce soit à Vancouver qu’est né, en 1969, Greenpeace, le Canada est un des gros pollueurs de la planète. En 2008, le pays devait ramener ses émissions de gaz à effet de serre à 6% de moins que leur niveau de 1990, elles en seraient à plus de 35%. En Alberta se trouve la deuxième plus grande réserve de pétrole au monde après l’Arabie Saoudite : les sables bitumeux. Ils sont constitués de 80 % de sable, 5% d’eau et de 15% de bitume brut. Le procédé pour extraire le pétrole de ces gisements et très couteux en énergie et génère des quantités de gaz à effet de serre. Le prix du baril étant toujours à la hausse, l’exploitation n’est pas prête de s’arrêter. Et lorsque l’on voit le nombre de 4×4 énormes qui circulent, on se dit que le réchauffement climatique ne fait pas partie des priorités en Alberta.

Miette Hot Springs

Pourtant, il y a des déjà des répercussions bien réelles, notamment des hivers plus courts qui entrainent la fonte des glaces, modifiant les cycles des ours polaires. Ceux-ci restent plus longtemps sur la terre ferme, se rapprochant des villes en espérant trouver la nourriture qu’ils ne trouvent plus dans leur environnement naturel. Aussi, les hivers doux entrainent le fort développement du dendroctone du pin ponderosa (petit scarabée qui colonise et tue les arbres murs). Lorsqu’elle est contenue, la population de dendroctone permet de renouveler les forêts, mais en ce moment, l’épidémie est telle qu’elle provoque une mortalité généralisée des forêts de pins tordus. D’ici 2013, 8o % des pins adultes seront morts.

Pour les quelques photos de l’Icefield Parkway, cliquez ici. (Nous en prendrons peut-être plus lors de notre retour à Jasper si le temps s’avère meilleur)

Nous arrivons au Lac Louise et nous optons pour l’hébergement le plus économique : le camping, encore !! Mais les températures sont remontées et c’est vraiment plus agréable de camper. Sans le savoir, nous sommes arrivés pile pour la saison des mélèzes. En automne, pendant une courte période, ces arbres revêtissent une couleur jaune orangée magnifique avant de perdre leurs aiguilles. C’est donc le moment idéal pour aller se promener dans « Larch Valley » (= la vallee du mélèze), il fait beau, il y a du monde mais ça vaut vraiment le coup d’œil, le bleu du ciel, la blancheur de la neige et l’orange des arbres, c’est une merveilleuse palette de couleurs.

Larch Valley

Pour les photos de Lake Louise et les quelques photos de Banff, cliquez ici.

Assiniboine Paradise

Après 8 nuits passées sous la tente, notre corps nous réclame un lit. Nous décidons que c’est mérité, et c’est à Banff que nous trouvons une auberge de jeunesse. On nous avait vendu Jasper comme une petite ville montagnarde, genre Chamonix, mais nous n’avons pas vraiment été convaincus. Nous avons été cependant bien plus charmés par sa voisine Banff, même si celle-ci est un peu plus touristique. Ici, nous nous sommes reposés, avant de partir pour notre plus beau trek du Canada : 3 jours dans le parc provincial du Mont Assiniboine. Nous avons déniché une super randonnée de 27 kilomètres, menant au lac Magog, au pied du Mont Assiniboine : 3618 mètres, souvent considéré comme le Mont Cervin version canadienne.

Assiniboine Provincial Park

Pour dormir sur place, deux alternatives : soit un lodge de luxe aux tarifs inabordables pour nous (250$/pers./nuit) ; soit des petites huttes basiques (15$/pers./nuit) dotées d’un poêle ainsi que la possibilité de cuisiner. La deuxième solution est parfaite pour nous ! Il n’y a personne, c’est la haute saison des ours et la basse saison touristique, nous sommes donc seuls dans notre belle cabane… C’est en quelque sorte notre petit week-end en amoureux loin des foules de Lake Louise ou de Jasper, encore libres comme l’air, au milieu de paysages à couper le souffle… « Ma cabane au Canada, c’est le seul bonheur pour moi, la vie libre qui me plait, […] à quoi bon chercher ailleurs, je sais bien que le bonheur, il est là, dans ma cabane au Canada. » (Line Renaud – Ma cabane au Canada)

Assiniboine Provincial Park

Nous sommes ainsi, encore une fois, les plus heureux sous la protection de notre bonne étoile, le soleil, qui restera avec nous pendant ces trois jours sans un seul nuage. Le panorama qui s’offre à nos yeux est le plus beau que nous ayons vu pour l’instant au Canada, nous en profitons un maximum, faisons la sieste en haut de notre belvédère, dorons sous les doux rayons chauds de Mr Soleil qui nous prédit encore de belles journées, prenons le temps d’apprécier notre liberté et restons en béatitude devant l’Assiniboine, certainement le dernier grand épisode de notre périple autour de notre beau monde… Que la montagne est belle !

Assiniboine Provincial Park

C’est donc après deux jours au paradis que nous refaisons nos 27 km dans l’autre sens, avec toujours autant de stress de se trouver face à un grizzli dans un endroit aussi perdu… Nous ne verrons que des traces (parfois un peu trop fraiches pour nous !).

Pour les photos de l’Assiniboine Provincial Park, cliquez ici.

L’afflux de badauds à Banff ne nous passionnant pas vraiment plus longtemps, nous décidons de faire un (gros) crochet par le sud des Rocheuses où les chemins sont plus tranquilles et où tout le monde attend la neige poudreuse avec impatience… Nous sommes complètement hors saison à Fernie, nous sommes sereins et paisibles, nous ne faisons pas grand-chose ici, mais nous sommes heureux et nous profitons encore à fond avant le retour. Dans une semaine, retour à Vancouver, dans deux semaines, retour en Normandie, et dans trois semaines pour Damien, retour en Haute-Savoie… Mais avant ça, il nous reste encore un petit peu de chemin, alors tachons de ne rien laisser passer !

Pour une vue panoramique en vidéo, cliquez ici.

La bise à vous tous et à très très vite.

ED.

6 commentaires pour La magie des Rockies

  • Alexander McJobless

    Waouh… je reste pantois…
    Je n’ai qu’une envie, celle de vous rejoindre… j’adore !
    Ce Assiniboine, cette petite cabane au Canada, que demander de plus ?
    Il y a peu de temps, vous dressiez votre top3 : Nepal, Bolivie, NZ. Canada-Alaska ne mériteraient-ils pas aussi leur place ? Vu d’ici, je m’y risquerai!

    Pour ma part, je pars en entretien cet aprèm et le soleil matinal lorrain (oui pour de vrai) accompagné de cette lecture me mettent en joie et en forme !!!

    A bientôt mes amis

  • Les paysages sont vraiment a couper le souffle mais on est emprunt d’une certaine nostalgie, voir tristesse de savoir que ce trip touche à sa fin. De notre coté on repart le 25/11 en Indonesie. On prend le relais sur la route. Profitez au max de ces dernieres semaines. On vous embrasse B&M

  • Elodie V

    Je vous fais plein de bisous

  • Philippe Greuter

    Bonjour Elise,
    il y avait longtemps que je n’étais venu sur votre blog, je viens de voir les photos de l’Alaska et du Canada, je suis ébloui par la beauté des paysages, un jour je visiterai cette partie du monde.
    Au boulot nous pensons souvent à vous,tu as les salutations du DTR.
    Bon retour en France et à bientôt.
    Philippe.

  • jcbc

    C’est le compte à rebours… plus que… jours. On est heureux de vous revoir. Bisous

  • Fan

    C’est splendide! Vraiment impressionnantes ces montagnes! Merci pour ces très belles images.
    Bisous!